Interview confidence !

Monsieur & Madame Patate témoignent en exclusivité pour Blomet Grands Prés.

L’atelier du 10 septembre, dédié à la récolte des pommes de terre fut marqué d’un événement exceptionnel dans la vie de notre AMAP. En effet, Monsieur & Madame Patate nous ont fait l’honneur de nous accorder une interview. Un moment authentique en toute spontanéité et pour nous parisiens, l’occasion unique de découvrir le ressenti de nos légumes.

BGP : Madame Patate, quel sentiment éprouve-t’on lorsque, soudainement, on émerge de terre ?

Mme Patate : Ah, ben ! J’étais toute tourneboulée moi ! Après plusieurs mois à végéter tranquillement sous terre, ça fait quelque chose ce gros tracteur qui arrive avec son gros bazar et qui met tout sans dessus-dessous. Nous autres, les légumes on n’est pas trop adeptes des sports mécaniques.
M. Patate : Ma femme est d’une nature sensible. Mais bon, ça fait quand même du bien de prendre l’air et puis si on veut mener à bien nos ambitions, faut bien se bouger, n’est-ce pas ?

BGP : Justement, peut-on en savoir plus sur vos ambitions et vos projets ?

M. Patate : Bah, la vie au champ ça va un temps ! Nous, ce que qu’on souhaite par dessus tout c’est de finir dans une assiette. Il y a tant de bonnes recettes dans lesquelles, nous les pommes de terre, nous pouvons donner le meilleur de nous-mêmes et exprimer tout notre potentiel.
Mme Patate : Être pomme de terre, c’est être plus qu’un simple légume. On peut carrément parler de pomme de terre attitude ou, n’ayons pas peur des mots : de patatitude !

BGP : Je vois. Mais revenons si vous le voulez bien à votre expérience de l’atelier pédagogique…

M. Patate : Je vous en foutrais, moi, du pédagogique ! On est tout éparpillé à travers le champ, parfois même écrasé par de grosses mottes de terre et il y a un tas d’énergumènes qui s’agitent autour de nous pour nous ramasser avec leurs grosses mains pleines de gants…
Mme Patate : Arh ! Mon mari exagère toujours les choses du côté obscure. En fait, pour nous l’atelier pédagogique c’est aussi l’occasion de voir de nouvelles têtes. Vous savez, il paraît que certains amapiens viennent exprès de Paris et qu’ils se lèvent à 6h30, un samedi, pour venir nous récolter à Boutigny. Et puis, il y a les enfants.  Ah ! Les enfants, ils sont mignons avec leurs petits doigts qui nous chatouillent et leurs yeux tout émerveillés lorsqu’ils nous découvrent sous une touffe d’herbe et qu’ils s’empressent de nous montrer à leurs parents comme si nous étions un trésor.

BGP : Et après les chatouilles, comment ça se passe ?

M. Patate : Comment ça se passe ! Comment ça passe ! Vous voulez dire comment ça se tasse ! On est balancés dans des seaux et après on est agglutinés dans des sacs… bonjour la promiscuité !
Mme Patate : Arh, tu ne sais vraiment pas voir le bon côté des choses : sous terre, on était totalement dispersés et là, toute cette logistique ça nous permet enfin de nous retrouver… peau contre peau.

BGP : Quelle émotion !

Mme Patate : Dites plutôt, quelles Zémotions ! Mais oui, se faire récolter c’est une expérience très riche en émotions et ça peut parfois aller jusqu’au grand frisson….
M. Patate : Si tu fais allusion à la balade en remorque, le grand frisson il est surtout pour les parents qui, soit disant, récompensent leur marmots d’avoir contribué à notre ramassage en leur autorisant un tour de tracteur et qui, sous prétexte de les accompagner assis sur les sacs pour sécuriser leur progéniture, s’offrent à eux-mêmes ce fameux grand frisson.
Mme Patate : Ouh-ouh, la vitesse, les pétarades du tracteur, moi j’avoue que ça me déplait pas. Quel dommage que nous n’ayons pas pu vous faire plus de photos, on était pourtant bien placés pour ça tout en haut d’un sac mais au moment de prendre la route, un amapien s’est complètement vautré sur nous.

BGP : Comment voyez-vous la suite de cette épopée ?

M. Patate : Je vais encore passer pour le rabat joie de service mais là, ce qui nous attend, c’est de passer quelque temps au frais et fond d’un cellier avant d’être distribué.
Mme Patate : S’il est un peu ronchon c’est qu’en effet, pour le moment nous avons eu beaucoup de chance car nous sommes toujours restés l’un prêt de l’autre mais nous ne savons pas si nous pourrons continuer l’aventure ensemble jusqu’au bout.

BGP : Je suis certain que nos lecteurs seront touchés par votre récit mais je sais qu’il leur tient aussi à cœur d’en savoir davantage sur votre engagement pour la planète.

M. Patate : Nous sommes des pommes de terre, certes ! Mais nous sommes avant tout des pommes de terre en AMAP. Et qui dit AMAP, dit circuit court. Et pour le moment on peut presque parler de circuit ultra court, du champ jusqu’au cellier des Opoix, il y a deux kilomètres à tout casser…
Mme Patate : Mon époux est très fier de ses convictions mais au fond de lui, il caresse l’espoir d’aller en distribution à Paris plutôt qu’à Maux ou Boutigny même si cela doit gonfler un peu son bilan carbone. Il aimerait tant voir la capitale et qui sait, apercevoir la tour Effeil…. en secret, c’est un grand romantique.
M. Patate : Romantique gastronomique ! Comme je vous l’ai dit, mon ambition est de finir dans une assiette en purée écrasée à la fourchette ou en gratin combiné avec des courgettes, notre destinée c’est une bonne vieille recette des familles et pas de nous échouer vulgairement en frite au plat du jour dans une médiocre chaîne de restaurant trop bon marché…
Mme Patate : Ce qu’il veut dire c’est que nous sommes tous les deux de grands romantiques gastronomiques écologiques ! Et je vais vous faire une confidence, ce qui nous ferait vraiment un immense plaisir : que nos épluchures puissent revenir à la ferme sous forme de compost.


Propos recueillis par Le Collectif d’Organisation

Blomet Grands Prés